A propos
Mireille Roobaert, photographe-conteuse, interprète l’architecture en chaque chose, pour nous donner à voir sa réalité. Dans sa nouvelle série intitulée « Les iris de la forêt », elle onirise la nature vivante des arbres, et place la notion d’observation en abyme, par un point de vue unique, un tour sur nous-même.
La révolution numérique a libéré la créativité de cette artiste plasticienne de l’image, quia fait des anamorphoses son langage incarné. Depuis 20 ans, elle utilise les technologies comme outil de réalisme transformé, et crée des sphères virtuelles, matrices de sa fantasmagorie. Dans cette étude naturaliste d’avant-garde, elle juxtapose la réalité et la virtualité. Cette compréhension crue de la forêt est numériquement composée pour chaque œuvre d’assemblage d’une douzaine de photos d’arbres. Mireille écoute la nature, apprend à décoder le regard des branches. Les images scénographiées sont composées de prise de vue d’une forêt urbaine bruxelloise, mais le projet, qui tend à pousser, pourra prendre racine dans différents types de bois. Pour un réalisme dévoyé, les tirages sont réalisés sur Chromaluxe ou autres sur demande, avec une finition fine et brillante, qui renvoie à transparence des lamelles vivantes de l’iris. L’hiver et le printemps sont déjà éveillés dans les photos, l’été et l’automne suivront.
Ces séries d’yeux feuillus qui pleurent ou rient de la sève, sont une extrapolation sur le regard de la forêt, et notre propre regard sur la nature. Mireille Roobaert a été marquée, enfant, par la personnalisation des arbres dans les contes. Comme dans les histoires du soir, on s’interroge : qui regarde qui ? L’artiste questionne la peur primitive du loup, et la renaissance de l’aube ou du printemps. Chaque arbre, comme chaque œil, est différent, et son messager tout autant pénétrant. Cette exposition nous ouvre les yeux sur des miroirs d’une âme de bois vivante. Dans la pupille de ces compositions surréalistes, on voit le sol. Comme une impression de lévitation, on est emporté par le vertige du point de vue. La photographe interprète des effets de sous-bois, et toutes les forêts sont une autre, reflet de l’humanité comme autant de pupilles perçantes, dilatées ou contractées, en forme d’ogive aussi, comme des yeux de chats.
L’objectif est animé, l’esthétisme toujours au cœur de ses recherches. La constance de Mireille Roobaert se concentre dans l’insolite et l’étonnement. Dans ce projet, les arbres nous regardent, et on veut savoir : qu’est-ce que la nature voit en nous ? Une exposition pour regarder la forêt au fond des yeux.
- Elisabeth Claus
Available in limited edition